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Diderot Jacques la fataliste et son maître

Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle 

Parcours associé : Rire et savoir 

Denis Diderot, Jacques le fataliste et son maître 

 

Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. 

 

Le maître. 

C’est un grand mot que cela. 

Jacques. 

Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d’un fusil avait son billet. 

Le maître. 

Et il avait raison… 

Après une courte pause, Jacques s’écria : Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret ! 

Le maître. 

Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n’est pas chrétien. 

Jacques. 

C’est que, tandis que je m’enivre de son mauvais vin, j’oublie de mener nos chevaux à l’abreuvoir. Mon père s’en aperçoit ; il se fâche. Je hoche de la tête ; il prend un bâton et m’en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy ; de dépit je m’enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne. 

Le maître. 

Et tu reçois la balle à ton adresse. 

Jacques. 

Vous l’avez deviné ; un coup de feu au genou ; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d’une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n’aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux. 

Le maître. 

Tu as donc été amoureux ? 

Jacques. 

Si je l’ai été ! 

Le maître. 

Et cela par un coup de feu ? 

Jacques. 

Par un coup de feu. 

Le maître. 

Tu ne m’en as jamais dit un mot. 

Jacques. 

Je le crois bien. 

Le maître. 

Et pourquoi cela ? 

Jacques. 

C’est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard. 

Le maître. 

Et le moment d’apprendre ces amours est-il venu ? 

Jacques. 

Qui le sait ? 

Le maître. 

À tout hasard, commence toujours… 

Jacques commença l’histoire de ses amours. C’était l’après-dîner : il faisait un temps lourd ; son maître s’endormit. La nuit les surprit au milieu des champs ; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : « Celui-là était apparemment encore écrit là-haut… » 

Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu’il ne tiendrait qu’à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu’il me plairait. Qu’est-ce qui m’empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d’embarquer Jacques pour les îles ? d’y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu’il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l’un et l’autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai. 

Vocabulaire :  

Déiste : croit qu’un dieu existe, mais pas celui des religions existantes.  

Dramaturge : auteur de pièces de théâtre. 

Fataliste : une personne fataliste croit à l’existence du “fatum”, c’est-à-dire à un destin tout trace contre lequel l’Homme ne peut pas de débattre efficacement. C’est sur le “fatum” que repose le schéma traditionnel de la tragédie au théâtre. 

Philosophe : “philo” = aimer, “sophia” = sagesse ; un philosophe est un penseur. Diderot est un philosophe des Lumières : il lutte contre l’obscurantisme, les superstitions, il recherche la rationalité, la logique. Les Lumières annoncent la Révolution française en remettant en cause la société d’ordres (clergé, noblesse, Tiers-Etat). 

Introduction : 

Ecrit par Denis Diderot sous la forme de roman-feuilleton entre 1765 et 1784, Jacques le Fataliste et son maître s’inscrit dans le mouvement des Lumières qui précède la Révolution. L’esprit des Lumières, également incarné par Beaumarchais, Voltaire ou Rousseau, critique la société d’ordres, l’arbitraire, l’obscurantisme religieux et prône la liberté de pensée, de croyance, d’expression. L’extrait présenté ici ouvre le roman car il s’agit de l’incipit. Après un titre aussi étonnant par l’anonymat du maître, le lecteur pense y trouver, comme dans tout roman, des renseignements sur les protagonistes. Comment l’auteur prend-il le contrepied de l’incipit traditionnel pour écrire un texte typique des Lumières ? Dans un premier mouvement (lignes 1 à 10), Diderot ménage un incipit déconcertant pour son lecteur. Dans un second temps (lignes 11 à 35), il mélange les genres littéraires. Dans un dernier mouvement (lignes 36 à 42), il joue avec l’illusion romanesque. 

 

I/ Un incipit déconcertant 

Ligne 1 : « Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. » L’ouvrage s’ouvre sur une question rhétorique interrogeant d’abord non pas l’identité des personnages mais leur association (donc le « et » du titre), ce qui est une manière curieuse de commencer. Le lecteur est d’autant plus déconcerté que la réponse, qui suit immédiatement, n’apporte pas de donnée concrète « Par hasard, comme tout le monde ». Or, dans le roman, les scènes de rencontres sont des topoï de choix en règle générale. 

Ligne 2 : « Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. » La série de questions et de réponses courtes continue sur le même ton humoristique et élude les questions qui taraudent le lecteur.  

Ligne 3 : « Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ». Les questions se poursuivent, les réponses également, toujours plus floues ; « Est-ce que l’on sait où l’on va », avec ses pronoms personnels sujets indéfinis et son présent de vérité générale semble une maxime interrogeant notre capacité de jugement : les Hommes ne savent pas réellement où leurs actions les mène. Le véritable sujet de la scène est la conversation, qui n’est pas menée par qui le lecteur pense (le maître). Finalement, il va avoir une première connaissance non pas par une description visuelle ou généalogique comme c’est le cas d’ordinaire mais en s’immisçant dans la conversation des protagonistes (par l’ouïe).  

Ligne 4 : « et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. » Jacques répète ce qu’il a entendu d’un autre, le tout sous une forme de discours rapporté = indirect. Le lecteur apprend le nom de Jacques, le valet, tandis que le maître reste anonyme, ce qui est une manière de questionner la société d’ordres en l’inversant symboliquement. Le lecteur apprend aussi que Jacques a servi dans l’armée par le mot « capitaine », le possessif « son » renforçant son appartenance à un corps d’armée. Il y a une antithèse entre « ici-bas » et « là-haut » qui trace un contraste entre la Terre et un ciel qui renvoie à une forme de spiritualité. La théorie énoncée est fataliste : puisque tout est écrit, l’Homme n’est pas libre. Cette idée s’oppose au christianisme, religion dominante en Europe = critique de la religion catholique française, typique des Lumières. 

Ligne 5 : « Le maître. C’est un grand mot que cela. » : un dialogue au discours direct s’installe, d’une manière très théâtrale. Les répliques sont courtes, formant une stichomytie = donne du rythme, accélère la lecture. Les répliques du maître semblent creuses, peu profondes, irréfléchies. 

Ligne 6 : « Jacques. Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d’un fusil avait son billet. » = Jacques se cache derrière un argument d’autorité : puisque c’est son supérieur hiérarchique qui dit cela, alors c’est vrai. Et il répète la théorie fataliste du personnage. Le dialogue ressemble à une parodie de dialogue philosophique, mimant ceux de Socrate écrits par Platon. 

Ligne 7 : « Le maître. Et il avait raison… » : le maître acquiesce sans trop réfléchir. 

Lignes 8-9 : « Après une courte pause, Jacques s’écria : Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret ! » : le dialogue apparaît comme décousu. Cette exclamation semble sortir des pensées de Jacques qui n’explique pas immédiatement le lien qu’il a fait entre ce qu’il dit et le sujet précédent. Il s’agit, selon la formule, d’une malédiction « que le diable », qui concerne un cabaretier précis « le cabaretier » (= c’est ainsi qu’on appelle  à l’époque moderne ceux qui tiennent des débits de boisson = bars). Mais comme il ne l’a pas évoqué plus haut, le lecteur reste interdit. Toutes ces non réponses enchaînées avec cette exclamation donnent au lecteur l’envie de comprendre = création d’une attente ; envie de lire. 

Ligne 10 : « Le maître. Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n’est pas chrétien. » : la réaction du maître se veut moralisatrice : il fait la leçon au valet. Diderot critique ici les donneurs de leçons, les moralisateurs et par extension les membres du clergé « cela n’est pas chrétien ». 

 

Cet incipit ne présente correctement, traditionnellement ni les protagonistes, ni le lieu de l’action, ni son époque, que le lecteur imagine contemporaine (XVIIIe siècle). Diderot déconcerte le lecteur en se jouant des poncifs de l’incipit du roman pour lui donner envie de lire la suite (roman feuilleton). 

 

II/ Un mélange des genres littéraires 

Lignes 11 à 14 : « Jacques. C’est que, tandis que je m’enivre de son mauvais vin, j’oublie de mener nos chevaux à l’abreuvoir. Mon père s’en aperçoit ; il se fâche. Je hoche de la tête ; il prend un bâton et m’en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy ; de dépit je m’enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne ». Cette tirade de Jacques ne tient absolument pas compte de la remontrance du maître. Il est donc insolent en quelque sorte puisqu’il justifie son exclamation/sa malédiction. Ce récit fait de courtes propositions juxtaposées sans connecteurs logiques s’appelle une parataxe. Cela accélère le récit. 

Ligne 15 : « Le maître. Et tu reçois la balle à ton adresse. » : le maître termine la phrase du valet, comme dans une conversation de deux amis. L’histoire prend des détours pour raconter des déplacements et une bataille. Nous sommes ici dans un roman picaresque d’une certaine manière. En effet, le mot vient de l’espagnol picaro désignant une personne de basse extraction, un vaurien. Ici, le récit de Jacques, comme les romans picaresques, est autobiographique, il est pauvre, il s’est mal conduit, change de maître, vagabonde et propose une réflexion sur le destin de l’Homme.  

Lignes 16 à 19 : « Jacques. Vous l’avez deviné ; un coup de feu au genou ; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d’une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n’aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux. » Mais à peine le lecteur pense-t-il avoir identifié un genre de roman qu’il se trouve devant une bifurcation : finalement, le sujet de l’ouvrage est une histoire d’amour sur fond de philosophie fataliste exprimée par la comparaison « ni plus ni moins que les chaînons d’une gourmette ». 

Ligne 20 : « Le maître. Tu as donc été amoureux ? » : la question semble idiote puisque Jacques vient de l’affirmer. Ce questionnement maladroit du maître trahit son envie d’en savoir davantage, qui est le miroir de celle du lecteur. 

Ligne 21 : « Jacques. Si je l’ai été ! » : l’exclamation n’apporte rien comme réponse. En revanche, elle mime la tension théâtrale. La stichomytie reprend, accélérant le rythme de l’échange et changeant à nouveau le lecteur de genre littéraire : le voici dans une comédie. 

Ligne 22 : « Le maître. Et cela par un coup de feu ? » : la question est drôle, et elle reprend les données de la tirade de Jacques, plus haut. La phrase nominale suffit et accélère le rythme. 

Ligne 23 : « Jacques. Par un coup de feu. » : parallélisme + répétition : Jacques répète la phrase nominale du maître pour confirmer, sans rien ajouter comme renseignement. 

Ligne 24 : « Le maître. Tu ne m’en as jamais dit un mot. » : le maître constate son ignorance, comme dans les comédies avec les quiproquos. L’effet est comique. 

Ligne 25 : « Jacques. Je le crois bien. » : il ne nie pas mais ne se justifie pas non plus. 

Ligne 26 : « Le maître. Et pourquoi cela ? » : le maître semble inquisiteur. Il ne pose pas vraiment la question qui concerne l’histoire mais il cherche à savoir pourquoi il n’est pas encore informé, ce qui est également un trait d’humour. Cela retarde le récit et augmente l’attente du lecteur. 

Ligne 27 : « Jacques. C’est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard. » : la négation insiste sur le moment tandis que le verbe « pouvait » avec la tournure impersonnelle « cela » le défausse de toute responsabilité et renvoie à sa théorie fataliste. 

Ligne 28 : « Le maître. Et le moment d’apprendre ces amours est-il venu ? » : La curiosité du maître est piquée, il aimerait savoir mais questionne le valet sur le moment où il lui dévoilera ses amours. Notons que dans la formulation, ce n’est pas le personnage qui agit mais le moment qui vient. 

Ligne 29 : « Jacques. Qui le sait ? » : la réponse sibylline n’éclaire ni le lecteur ni le maître. Elle tourne en dérision l’expression populaire « Dieu seul sait » = marque de critique de la religion. 

Ligne 30 : « Le maître. À tout hasard, commence toujours… » : il l’invite à parler avec une injonction (impératif : « commence ») et ne termine pas sa phrase. La suite supposée est « nous verrons bien ». 

Ligne 31 : « Jacques commença l’histoire de ses amours. C’était l’après-dîner » : Le passage du discours direct au récit du narrateur prive le lecteur du récit de Jacques. (Attention, amour est masculin au singulier mais féminin au pluriel). L’après-dîner = après-midi , car le dîner désigne à l’époque ce que nous appelons le déjeuner. 

Lignes 32 à 35 : « il faisait un temps lourd ; son maître s’endormit. La nuit les surprit au milieu des champs ; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : « Celui-là était apparemment encore écrit là-haut… » : Le récit ridiculise le maître qui s’endort comme un enfant lorsqu’on lui raconte une histoire. « fourvoyés » = ils sont perdus à la nuit tombée. Le maître rend le valet responsable et le bat pour cela : Diderot fait une satire sociale ; critique la société d’ordres. Le valet, qui pourrait se rebeller vue l’injustice, s’en abstient, ce qui attire la pitié du lecteur et du narrateur qui prend parti en le nommant par la périphrase  « pauvre diable. Sa réaction est résignée car il est fataliste « encore écrit là-haut ». 

Après avoir promené son lecteur en divers lieux et époques et divers genres littéraires, Diderot s’adresse directement à lui. 

III/ Le jeu avec l’illusion romanesque 

Ligne 36 : « Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu’il ne tiendrait qu’à moi » = Diderot rompt l’illusion romanesque, c’est-à-dire qu’il transgresse la règle qui veut que l’auteur se fasse discret derrière le récit, qu’il n’apparaisse que dans les ouvrages autobiographiques. L’illusion romanesque fait tenir la fiction pour vraie (et le lecteur fait semblant d’y croire le temps de sa lecture). En outre, il affirme sa toute-puissance d’auteur : il peut faire ce qu’il veut « tiendrait qu’à moi ». 

Ligne 37 : «  de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques » : l’hyperbole ternaire insiste sur le temps d’attente très long possible et typique du roman feuilleton, qui paraît page par page dans le journal.  

Ligne 38 : « en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu’il me plairait » : Il propose une réflexion sur la l’arbitraire de l’auteur qui peut séparer ses personnages, comme le roi peut séparer ses sujets par des lettres de cachet (qui envoient directement la personne à la Bastille sans jugement). Il s’agit à la fois d’une réflexion littéraire et politique cachée (afin d’éviter la censure). 

Ligne 39 : « Qu’est-ce qui m’empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? » : il reprend les fondements des farces du théâtre et leur ficelles burlesques dans cette hypothèse + évocation des romans libertins (très en vogue au XVIIIe siècle) sous forme de question qui met son pouvoir au centre. 

Ligne 40 : « d’embarquer Jacques pour les îles ? d’y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? » : il critique la littérature contemporaine qui fait voyager ses héros au nouveau monde par des aléas parfois invraisemblables, rocambolesques. (pensez à Des Grieux et Tiberge dans Manon Lescaut de l’abbé Prévost, paru en 1731). 

Lignes 41-42 : « Qu’il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l’un et l’autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai ». = allusion aux récits fictifs « contes » et magiques, invraisemblables. La conjonction de coordination d’opposition « mais » vient contredire et effacer tous les scénarii évoqués plus haut. Il promet, à mots couverts, une suite le lendemain : comme dans les séries, cela donne au lecteur l’envie d’en savoir davantage et crée l’attente. 

Conclusion : 

Diderot forge un incipit typique de la littérature des Lumières car il mélange les genres littéraires, les types de romans et fustige la religion comme l’arbitraire. Il questionne l’ordre social de manière humoristique tout en portant la réflexion sur le rôle central de l’auteur. Non seulement il montre qu’il a tout pouvoir sur ses personnages et sur le lecteur mais il propose en creux une place beaucoup plus importante aux lettrés dans la société. Pour lui, écrire des « contes » divertissants ne suffit pas, il faut également instruire le lecteur, c’est pourquoi il travaille à l’Encyclopédie avec d’Alembert. Pour lui, l’écrivain est aussi philosophe, qui critique l’organisation politique et propose d’autres modèles plus justes, ce qui est typique des Lumières.

Ex d'ouvertures :
- Rousseau, Du Contrat Social.
- Abbé Prévost : "c'est rendre à mon avis un service considérable au public que de l'instruire en l'amusant" (p.75, Manon Lescaut).
- La Fontaine, "le monde est vieux dit-on, cependant, il faut l'amuser encor comme un enfant" ("Le pouvoir des fables").
- Molière, Le Bourgeois gentilhomme, Acte II, scène 4 : "la leçon d'orthographe".

 

Méthodologie

Quelle est la différence entre une introduction pour l’oral et une introduction de l’écrit ?

Introduction pour l’oral

Introduction de l’écrit : idem pour le commentaire composé et la dissertation

  • Une phrase d’accroche (citation par exemple)
  • Biographie de l’auteur
  • Mouvement littéraire
  • L’œuvre de notre auteur, surtout celle d’où provient notre texte
  • Problématique
  • Plan (le découpage suit le déroulement du texte)

  • Une phrase d’accroche (citation par exemple)
  • Problématique
  • Plan (ne suit pas l’organisation du texte en commentaire composé)

Attention, bonne nouvelle : la manière de faire une conclusion reste la même quel que soit l’exercice (oral ou écrit, commentaire composé ou dissertation).

Exemple d’introduction pour l’oral :

« Placere et docere » est une citation d’Aristote et s’inscrivant dans le parcours Rire et savoir. Diderot est un dramaturge, romancier et philosophe de l’époque des Lumières. Il a notamment supervisé l’Encyclopédie avec d’Alembert. Etre philosophe des Lumières, c’est lutter contre l’obscurantisme, rechercher la rationalité et la logique en remettant en cause la société d’ordres. Ce mouvement littéraire précède la Révolution française de 1789. L’extrait de Jacques le fataliste et son maître se situe au début de l’œuvre : c’est l’incipit. Ce feuilleton a été écrit et publié entre 1765 et 1784. Il mélange les genres littéraires. En quoi ce texte de Diderot constitue-t-il une critique de la société ? Dans un premier mouvement (lignes 1 à 20), il décrit un cadre fataliste. Dans un second mouvement (lignes 21 à 35), il met en scène un dialogue théâtral. Dans un dernier mouvement (lignes 36 à 42), l’auteur interpelle son lecteur.

Exemple d’introduction pour l’écrit :

« Placere et docere » est une citation d’Aristote signifiant plaire et instruire. Elle s’inscrit dans le parcours Rire et savoir. Comment Denis Diderot arrive-t-il à critiquer la sociétés d’ordres tout en faisant rire son lecteur ?

Ou

« Mieux est de rire que larmes écrire parce que rire est le propre de l’homme » affirme François Rabelais dans Gargantua. Il semble que cette maxime reste d’actualité au siècle des Lumières. Comment Denis Diderot parvient-il à faire réfléchir son lecteur tout en l’amusant ?

Ou

« Le monde est vieux, dit-on, je le crois / cependant, il le faut amuser encor comme un enfant ». Cette morale de Jean de La Fontaine s’applique à l’incipit de Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot. Comment Denis Diderot parvient-il à faire réfléchir son lecteur tout en l’amusant ?

Exemples de conclusion :

En définitive, cette œuvre de Diderot garde l’attention de son lecteur en le faisant rire pour partager ses idées. Nous pouvons la mettre en parallèle avec L’Ile des esclaves, pièce de théâtre de Marivaux qui dénonce la société esclavagiste et dessine un monde utopique tout en divertissant le spectateur.

Ou

En définitive, cette œuvre de Diderot garde l’attention de son lecteur en le faisant rire pour partager ses idées. De même, Miyazaki fustige la violence et questionne la destinée humaine dans son film d’animation Le château ambulant qui s’achève par des retrouvailles toutes tracées entre les deux protagonistes.

Ou

Finalement, cette œuvre de Diderot garde l’attention de son lecteur en le faisant rire pour partager ses idées.