Chapitre 2 : La gestion des ressources

I) L'eau

1) L'eau : ressource inégalement répartie et sous pression

Les besoins en eau sont multiples mais le premier de tous : boire, s'avère vital. Seule une infime partie de l'eau mondiale est de l'eau douce : moins de 3 %. Ces 3 % se répartissent ainsi :
- les eaux de surface : lacs, fleuves/ bassins hydrographiques, étangs : 1%
- les nappes aquifères : réserves souterraines, nappes phréatiques (sont plus proches de la surface)/ nappes fossiles (ne se renouvellent plus) : 29%
- les calottes glaciaires des régions polaires = inlandsis : 70%.

Cette ressource est sous pression car :
- la population mondiale augmente mais les usages domestiques ne sont pas les plus grands consommateurs d'eau
- l'agriculture est la plus grande consommatrice d'eau à l'échelle mondiale, surtout par l'irrigation, et la superficie des terres irriguées augmente
- l'industrie, notamment la production d'énergie (centrales nucléaires, barrages hydroélectriques, etc.), vient en seconde place. Là encore, le secteur connaît une forte croissance.

L'eau est inégalement répartie dans le monde. 65% de la population mondiale vivent dans des zones où la ressource est importante. Neuf pays possèdent 60 % des réserves d'eau douce mondiale (Brésil et Russie en tête). Certains pays manquent d'eau (ex : Algérie, Tunisie, Maroc, Arabie Saoudite, etc.) = stress hydrique voire pénurie.
Stress hydrique = la disponibilité en eau est inférieure à 1 700 mètres cubes d'eau par an par habitant.
Le bilan hydrique est le rapport entre les besoins en eau d'une population et la disponibilité réelle de la ressource.

2) La gestion de l'eau

L'irrigation nécessite des infrastructures de stockage (ex : bassines en France, barrages, puits, canaux). L'acheminement de l'eau vers les populations est parfois difficile comme en Guyane française (d'où les épidémies de choléra jusqu'en 1991) ou l'excès de manganèse à Mayotte. 

Les usines de dessalement fonctionnent principalement dans les états pétroliers mais cette technique est coûteuse et polluante.

3) Une source de conflits

Différents usagers en concurrence : l'eau provoque des conflits armés au Kenya, Sénégal et en Israël (Jourdain). Le Nil est une source potentielle de guerre. Dans les pays industrialisés des conflits éclatent autour des bassines de stockage, des cultures sous serres, des élevages hors sol, etc. Certains usages intensifs génèrent une pollution importante (algues vertes, nitrates, etc.). Les eaux contaminées causent plus de 2 millions de morts par an. Les problèmes d'eau reflètent les inégalités sociospaciales : les grandes villes disposent de système d'adduction d'eau et de tout-à-l'égoût tandis que les bidonvilles n'ont ni eau courante ni système de recyclage des eaux usées.

II/ Les ressources énergétiques

1) Des besoins en forte croissance

Au XXIe siècle, la croissance de la demande énergétique a été plus rapide que celle de la population. Les transports se sont intensifiés.

81 % des énergies utilisées dans le monde ne sont pas renouvelables (= fossiles) : 35 % pétrole ; 25 % charbon ; 21 % gaz naturel. La disponibilité de ces ressources est inégalement répartie. Les principaux producteurs de pétrole sont l'Arabie Saoudite, la Russie, les Etats-Unis, l'Afrique de l'Ouest et le proche et moyen Orient, le nord de l'Amérique du sud et arctique. Plus de 40 % de la consommation énergétique mondiale est occasionnée par le secteur teritaire. Les pays industrialisés représentent 20 % de la population mondiale mais 60 % de la consommation énergétique. Les pays émergeants ont des besoins en forte augmentation.

2) La dépendance au marché énergétique

Certains pays sont des producteurs importants et sont auto-suffisants : c'est le cas des Etats-Unis. Tous les pays sont dépendants des producteurs = rivalités et enjeux énergétiques.

Ce marché est dominé par les firmes multinationales occidentales. Elles négocient avec les pays producteurs, dont la plupart font partie de l'OPEP = Organisation des Pays Producteurs et Exportateurs de Pétrole.

Le transport des matières premières énergétiques participe à l'augmentation des flux dans le monde. Il passe par des oléoducs (= pétrole) et des gazoducs (= gaz). L'énergie est une ressource stratégique qui génère des conflits (Ukraine, Moyen-Orient). L'exploitation énergétique a un impact écologique important (pollution, marées noires, etc.) ; elle est responsable de la libération de gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique.

3) Vers une gestion durable des énergies

Le premier objectif est d'économiser l'énergie (véhicules et maisons à basse consommation) = sobriété. Le but est de réaliser la transition énergétique. Elle consiste à abandonner progressivement les énergies primaires pour les énergies renouvelables. Les énergies renouvelables représentent 13 % de la production énergétique mondiale : éolienne, solaire, géothermie, hydraulique.

III/ Les ressources alimentaires

1) Un accès inégal à la nourriture

La production agricole internationale est suffisante pour nourrir la planète mais sa répartition pose beaucoup de problèmes. De ce fait, la sécurité alimentaire progresse inégalement à l'échelle globale. En effet, les pays riches et les villes des pays émergents sont de gros consommateurs de nourriture. Insérés dans les circuits économiques mondiaux de manière efficace, ils s'approvisionnent aisément, quitte à importer ce qui leur manque.  La disponibilité alimentaire mondiale est de 2 500 calories par habitant et par jour. Dans les pays riches, elle dépasse cette moyenne : 3 300 kca/hab./jour. Beaucoup de pays riches sont en situation d'autosuffisance alimentaire (= ce qu'ils produisent leur suffit), c'est pourquoi ils figurent parmi les exportateurs.

Les plus grands foyers de peuplement du monde se trouvent aujourd'hui dans les Suds, et à l'est de l'Asie notamment. Une part importante de leur population est sous-alimentée (elle n'a pas les calories dont elle a besoin pour vivre sans carences). Les régions du monde exclues des grands marchés mondiaux ne peuvent compter que sur la production locale et sont plus fragiles. Il s'agit surtout d'autoconsommation. C'est le cas de l'Afrique Subsaharienne, où 32 % de la  population souffre de sous-nutrition : la disponibilité moyenne est de 2 100 kca/hab/jour). Lors des épisodes de sécheresse ou des guerres, la disette voire la famine s'abattent sur des populations nombreuses aux gouvernements démunis. Les mauvaises récoltes et les famines ont de lourdes conséquences sur la démographie. Elles initient parfois une émigration massive, une diaspora.

Vocabulaire :

Démographie : État quantitatif de la population humaine dans une région ou un pays déterminés.
Diaspora : Dispersion d’un peuple à travers le monde.
Disette : Manque de nourriture essentielle à la vie.
Emigration : Action de quitter son pays pour un autre.
Famine : Manque presque total de nourriture essentielle à la vie par lequel une population nombreuse souffre de la faim.

A contrario, les habitants des pays occidentaux sont en situation de suralimentation. Les problèmes de surpoids, de maladies cardio-vasculaires se multiplient, engendrant une surmortalité.

2) Des systèmes de production inégaux

Les systèmes de production des nords sont intensifs et productivistes. Les grandes puissances agricoles comme les Etats-Unis ou la France s'intègrent dans une filière agroalimentaire et exportent une partie de leur production à l'étranger. Ces modèles nécessitent beaucoup d'investissements (subventions vécues comme de la concurrence déloyale par les pays en développement).

L'agriculture des Suds est parfois une agriculture vivrière, parfois une agriculture commerciale. L'agriculture tournée vers le commerce déséquilibre souvent les pays concernés qui doivent importer des denrées alimentaires.

3) Comment produire plus durablement ?

Le développement durable cherche la préservation des ressources, le respect de l'éthique et de l'Humain.

Les problèmes engendrés par l'agriculture intensive et productiviste sont nombreux : pollution des nappes phréatiques et de l'air (par les intrants), destruction de certains insectes (abeilles), érosion des sols, artificialisation des milieux naturels (transformés en paysages ruraux), défrichement et déforestation (mangroves, forêt amazonienne), réduction de la biodiversité (OGM : organismes génétiquement modifiés).

Quelles solutions ? L'agriculture biologique rejette les intrants chimiques et les OGM. Elle applique des cahiers des charges contraignants qui expliquent un coût de production parfois plus élevé. Elle limite l'irrigation en adaptant les cultures aux territoires où elle s'implante. Elle rejette la production de légumes en serres chauffées l'hiver. La consommation de produits locaux diminue les déplacements de denrées et donc la pollution induite. Certaines associations l'encouragent comme les AMAP : associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (en France). Le commerce équitable cherche à résoudre les inégalités générées par l'économie de marché en achetant plus cher les produits des petits producteurs du Sud (le label commerce équitable se rencontre notamment sur les paquets de café ou de chocolat).