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Abbé Prévost La mort de Manon

Extrait 4 : La mort de Manon

Introduction : 

(Exemple de Gwenn) Manon Lescaut est un roman libertin du XVIIIe siècle écrit par l’Abbé Prévost. Cet écrivain a été homme de foi et voyagea beaucoup. Le libertinage est un mouvement culturel inspiré des philosophes grecs. Les libertins sont des libres penseurs et des matérialistes. Ils sont contre les concepts chrétiens comme le mariage et la fidélité. Le passage de la mort de Manon se situe à la fin de l’histoire, dans la deuxième partie. 

Problématique : Comment l'Abbé Prévost sublime-t-il la mort de Manon à travers le récit de Des Grieux ?

Plan :
I/ Premier paragraphe : La mort pathétique de Manon
II/ Deux derniers paragraphes : Le destin tragique du chevalier des Grieux

 

I/ Première partie

Ligne 1 : "N'exigez point" : verbe à l'impératif, à la fois à destination du narrateur et du lecteur, pour montrer une forme de pudeur face à la mort de Manon. Le traumatisme laisse une cicatrice encore à vif au moment du récit.

Ligne 2 : double négation : prétérition : le chevalier semble ne pas vouloir raconter la mort de Manon et pourtant il le fait.

Ligne 3 : "je la perdis" + "qu'elle expirait" = euphémisme et périphrase ; atténue la mort. "fatal et déplorable évènement" : mélange de tonalités tragique et pathétique.

Ligne 4 : "mon âme ne suivit pas la sienne" : métonymie (l'âme pour toute la personne). "le Ciel" : renvoie à Dieu. Double négation : il souhaite mourir mais Dieu le lui refuse. Continuer sa vie constitue une punition divine. Dieu semble celui qui fait mourir Manon.

Ligne 5 : "aie traîné depuis une vie languissante" = Dieu le punit ; subjonctif. "je renonce à en mener une plus heureuse ": il reste persuadé d'avoir été heureux.

Ligne 6 : Le chevalier reste longtemps avec le cadavre de Manon. Le chevalier parle avec des pronoms personnels sujet à la première personne, montrant sa solitude. "Demeurai plus de 24 h" : c'est très long.

Ligne 7 : "la bouche attachée sur le visage et sur les mains" : périphrase pour embrasser.

Lignes 8-9 : "au commencement du second jour" : complément circonstanciel de temps ; le récit de la mort de Manon copie la Genèse (début de l'univers raconté dans la Bible = la Création). Le grand nombre de virgules semble mimer les forces du chevalier qui lui manquent. Le chevalier craint que Manon soit dévorée par les bêtes sauvages, c'est pourquoi il l'enterre.

Ligne 10 : euphémisme = "proche de ma fin" (désigne la mort). "si proche de ma fin" : hyperbole + périphrase pour évoquer son désir de mort.

 

II/ Deuxième partie

Ligne 11 : l'alcool sert d'ordinaire pour le plaisir mais ici le chevalier en boit par obligation, pour recouvrer des forces.

Lignes 11 à 13 : Le chevalier prend juste assez de forces pour enterrer Manon et non pour survivre.

Lignes 14-15 : le chevalier rompt son épée, symbole de sa noblesse. Symboliquement, ce geste montre qu'il renonce à son état, son honneur, au métier auquel il avait été promis. "Sable" : renvoie au décor naturel et au temps qui s'écoule (comme dans un sablier).

Ligne 16 : "idole de mon coeur" : périphrase. Le nom de Manon est très peu évoqué, comme disparu/tabou/ trop douloureux à prononcer.

Ligne 17 : répétition du mot sable : le chevalier veut empêcher le sable de toucher Manon, le temps de l'altérer, pour qu'elle reste belle et jeune à jamais.

Lignes 18 : "embrassai mille fois" = hyperbole. Répétition du mot sable : le temps de Manon est écoulé. "amour" et "parfait" semblent former une antithèse dans cette phrase.

Lignes 19-20 : "mes forces recommençant à s'affaiblir" : le chevalier était faible face à Manon, il l'est encore face à sa mort. "la fin de mon entreprise" = euphémisme pour l'action d'enterrer Manon. "J'ensevelis pour toujours" : forme de pléonasme, on enterre quelqu'un pour toujours en général. Cela montre que le chevalier des Grieux est dévasté/anéanti par la mort de Manon.

Ligne 21 : "au sein de la terre ce qu'elle avait porté de plus parfait et de plus aimable" : la mort a purifié Manon, elle a effacé ses défauts. "plus parfait" = hyperbole (paradoxe). Le chevalier idolâtre Manon comme une déesse. Il la considère comme une sainte. La terre renvoie une fois de plus à la Bible.

Ligne 22 : "le dessein de ne les ouvrir jamais (yeux)" : périphrase sous forme d'euphémisme pour évoquer son désir de mort. Ciel : renvoie à Dieu et la religion chrétienne. Le chevalier s'installe face contre terre, comme un pénitent. Il se prépare à mourir mais le lecteur sait que la mort ne viendra pas pour lui.

Ligne 23 : champ lexical de la souffrance "secours du ciel, mort, impatience" et du désespoir.

La détermination correspond ici seulement à la mort, seul projet du chevalier, qui ne vient pourtant pas. Il perd seulement connaissance. Pourtant, sa décision est ferme : puisqu'il ne vivra plus de plaisir avec Manon, il renonce  à revenir dans la société.

Conclusion :

En définitive, l'Abbé Prévost sublime la mort de Manon en la dépeignant sur un registre pathétique, faisant appel aux émotions, à la pitié du lecteur dans un premier temps. Ensuite, le récit de des Grieux dépeint le chevalier en héros tragique prêt à mourir avec sa dulcinée comme Roméo meurt pour l'amour de Juliette dans la pièce éponyme de Shakespeare. 
Ouverture 2 : comme Quasimodo pour Esmeralda sous la plume de Victor Hugo.
Ouverture 3 : Cette oeuvre a inspiré de nombreux compositeurs comme Puccini.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Richesse de vocabulaire :

Pour remplacer "émotions", nous pouvons utiliser : sentiments, passion.

Un moment émouvant. Le registre pathétique est utilisé : registre qui cherche à émouvoir le lecteur, qui fait appel à ses sentiments.

La tristesse, le désarroi, la souffrance, le désespoir, la douleur, la consternation.

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