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Marivaux Acte III, scène

Les Fausses confidences 

Marivaux

Acte III, scène 12 

Introduction 

Les Fausses Confidences est le titre d’une comédie en trois actes et en prose jouée pour la première fois le 16 mars 1737 par les Comédiens italiens (de l’Hôtel de Bourgogne). Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, qui l’a écrite, est un dramaturge français du siècle des Lumières (XVIIIe siècle) questionnant la société d’ordres en inventant des personnages qui en renversent les barrières. Le titre de Fausses confidences, outre sa subtilité langagière d’oxymore, montre la fine psychologie mise en scène par l’auteur qui joue également sur des registres de langue variés relevant de l’oralité burlesque ou de la préciosité galante. Ce style particulier appelé marivaudage ne vaut pas un grand engouement à la pièce sous l’Ancien régime. En revanche, à partir de 1793, elle connaît un accueil plus favorable. 

Problématique : …………………………………………………………………………………………………………………………… ? 

Plan du texte pour l'Analyse linéaire : 

I. Le double aveu :    De "Araminte - Demain, dites-vous !" à "Araminte - Je ne sais plus où je suis. Modérez votre joie ;"  
II. L'aveu du stratagème : De "levez-vous, Dorante." à "le remords d'avoir trompé ce que j'adore."  
III. Le pardon inattendu :  De "Araminte, le regardant quelque temps sans parler." à la fin de la scène  

 
 
I. Le double aveu 
 
Les déclarations se font sur un rythme soutenu (répliques courtes, souvent exclamatives) = ………………………………………… . Forme des phrases : beaucoup sont des …………………………………….. et des …………………………….. . Le dialogue montre à la fois  le …………………………………… (questions) des personnages et leur ……………………………………. (exclamations). 

 
La déclaration de Dorante : 
Dorante emploie un registre …………………………… = ton de la plainte ; comme le montrent la …………………………… "plaintivement" et le …………………………… …………………………… de la tristesse ("plaindre", "chagrins", "douleur"). La déclaration d'amour de Dorante se fait en…………………………… : il veut montrer à Araminte comme il sera malheureux en ne la voyant plus. 
"Je vais être éloigné de vous ; vous serez assez vengée ; n'ajoutez rien à ma douleur !" : le rythme est ternaire (phrase en trois temps) et la phrase semble suivre une ……………………………………………. (éloigné, vengée, douleur). Dorante utilise le ………………………….. de l'indicatif (deux fois) pour évoquer sa tristesse à venir : il a valeur de …………………………….. proche. Puis, il passe à  l'………………………….. pour s'adresser à Araminte et la supplier de lui donner son portrait = ressemble à une prière.  
Les nombreuses exclamations de Dorante expriment une plainte, précédée d'………………………… (« hélas »). Dorante utilise des ………………………… pour illustrer la détresse dans laquelle il se trouve : "De tout le reste de ma vie", "je n'aurais plus que ce seul jour qui m'en serait précieux", "J'ai tout perdu".  
 
Araminte tente de raisonner Dorante : "chacun a ses chagrins" (elle fait allusion aux siens), "à quoi vous sert", "vous n'êtes pas raisonnable" (mais l’amour l’est rarement ; d’ailleurs elle-même ne l’est pas). Le ton semble ……………………………, distant.  
Les répliques de Araminte sont pour la plupart au présent de l'indicatif, pour exprimer une vérité qui doit convaincre Dorante par des faits qui ne doivent pas appeler une contradiction de la part de Dorante (par exemple : "il faut se quitter", "chacun a ses chagrins."). Dans « chacun a ses chagrins », le présent de vérité générale fait ressembler la phrase a un proverbe. Araminte semble avoir accepté le départ de Dorante, pourtant elle décide de lui avouer son amour.   
 
Dorante pense qu’Araminte ne peut pas l'aimer : "Que vous m'aimez, Madame ! Quelle idée ! qui pourrait se l'imaginer ?" = question …………………………………………………… (n’appelle pas de réponse).  
 
L’aveu d’Araminte bref, sans cri, se fait comme avec pudeur, d’abord à demi-mot : "Songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?". Puis elle confirme avec : "Et voilà pourtant ce qui m'arrive", sans exclamation. Le ………………………….. « voilà » est suivi de l’adverbe d’………………………………………….. « pourtant » qui montre que cet amour brave les inégalités sociales et de richesses. Il n’y a pas de manipulation de la part d’Araminte : son aveu est spontané, comme l’indique la ……………………………  "d'un ton vif et naïf.", qui souligne également la sincérité de ce sentiment. 
 
Araminte ressemble à une héroïne de roman qui respecte les conventions sociales alors qu’elle est passionnée (le lecteur peut penser par exemple à ….............................................. de …............................................................................. de …......................................................... de ............................................................). 
 
Dorante se livre spontanément, ce que montrent la didascalie "se jetant à ses genoux" et l’ …................................................  "Je me meurs !". Il y a une …........................................... en “e” qui renforce …............................................................................................ . 
La posture adoptée est celle de la …........................ en …....................................................... . face à lui, Araminte lui intime le calme avec l' …................................................. : "Modérez votre joie". Cependant, au même moment, elle avoue sa faiblesse : "Je ne sais plus où je suis".  
 
Cette première partie de l'extrait montre donc deux vraies confidences : les deux sincères déclarations d'amour. L’intensité dramatique est très forte. Cette scène est l’acmé de la pièce = elle est à son paroxysme. 
 
 

 

II. L'aveu du stratagème 
 
 
Dorante semble se calmer/reprendre ses esprits : didascalie "et tendrement". Il avoue : "Je ne la mérite pas" = …........................................................... . 

Il y a un paradoxe ici : d’habitude, la déclaration d’amour occupe la tirade. Ici, c’est une confession de tromperie qui prend cette place. Cette confidence se déroule dans une …..................................... Elle va avouer le mensonge pour rétablir la vérité. Le personnage a besoin de se délester de sa ….................................... .  Il y a ici un jeu amusant de la part de Marivaux : le personnage avoue qu’il a joué un rôle et qu’Araminte a assisté à une pièce de théâtre = mise en …..................................... (= du théâtre dans le théâtre). Le but avoué du stratagème de Dorante : faire éprouver des sentiments à celle qu’il aime. L’objectif du stratagème de Marivaux : faire naître des émotions chez le spectateur (rire/catharsis). 
 
Dans cette tirade, le véritable Dorante apparaît enfin. Lui qui parlait peu depuis le début de la pièce se libère, son langage est très construit. Son discours de vérité est une véritable ….......................................................... . Cela prouve que Dorante est un personnage sincère qui s'épanouit dans la sincérité plutôt que dans le mensonge.  
Dorante commence par réaffirmer sa passion pour Araminte par une tournure négative : "il n'y a rien de vrai que ma passion" et grâce à l'hyperbole "qui est infinie". Il préfère commencer son discours par ce qui est vrai plutôt que sur ce qui est faux. Le champ lexical de l'…........................ se rencontre tout au long de la tirade : “passion", "amour", "plaisir". Celui de la vérité ("vrai") est peu représenté dans cette tirade tandis que celui du mensonge est partout : "stratagème", "cacher", "artifice", "trompé". Dorante veut dénoncer ce mensonge qui n’est pas son idée et va contre son honneur et son caractère. 

La tournure du début de la tirade est impersonnelle : “il n’y a rien de vrai”. La formule, au présent, établit une vérité, comme un constat auquel on ne peut rien changer. Puis, le sujet devient “un domestique”. Dorante fait endosser la culpabilité à Dubois : "Tous les incidents qui sont arrivés partent de l'industrie d'un domestique" (Dubois), "m'a, pour ainsi dire, forcé de consentir à son stratagème". Le déterminant possessif "son" dépeint Dorante comme la marionnette de Dubois. Par conséquent, il n'est pas vraiment coupable de ses tromperies. Il s’agit d’aménager la vérité à son avantage : même là, la confidence de Dorante reste un peu faussée.  
L'adverbe présentatif : "voilà" marque la conclusion de cette tirade. Par un rythme ternaire ("mon respect, mon amour et mon caractère"), Dorante se dépeint de façon avantageuse et montre ses qualités morales. Il se justifie en rappelant son amour et en même temps en prétendant renoncer à une victoire qui n’est pas vraiment la sienne = …........................................................................ .  

 

Le pronom "je" apparaît pour la première fois à la fin de la tirade avec l'….............................................("J'aime encore mieux […] j'aime mieux"). Dorante passe à la première personne pour parler de sa sincérité (alors qu’il ne l'a pas utilisée quand il s'agissait de parler du stratagème) = Dorante fait preuve de beaucoup d'éloquence. Il y a une alternance amour/privation (conséquence attendue de l’aveu) dans les dernières phrases de sa tirade : “j’aime/ regretter / tendresse / artifice / l’a acquise / aime / haine / remords / trompé / adore”. 

 
III. Le pardon inattendu 
 
 
Araminte reste un instant interdite. Elle prend un temps de réflexion avant de réagir à cet aveu incroyable (d’ailleurs, les farces reposent souvent sur une tromperie qui a lieu après le mariage et non pour séduire : inversion comique, inattendue) : …...............................................................  "le regardant quelque temps sans parler". Cela crée un effet d'attente sur le spectateur, qui se demande quelle va être sa réaction.  
 
Finalement, la tirade de Dorante a l'effet escompté : Araminte a est séduite par ce discours de sincérité. “si j’apprenais cela d’un autre que vous” : le “si” introduit le conditionnel. “Sans doute” = c’est sûr (au XVIIIe siècle). La conjonction de …................................................ d’opposition “mais” introduit un contre-pied. Jeu d’assonance sur les “v” et les “m” qui s’alternent, comme annonçant le mélange du “vous” et du “moi” annoncé par le pardon.  

Le ton devient plus enjoué avec les hyperboles dans la …........................................................ ternaire : "Ce trait de sincérité me charme, me paraît incroyable, et vous êtes le plus honnête homme du monde". Le lecteur s’amuse : il retrouve ici les mots utilisés par Dubois dans l’Acte I, scène 14 pour dépeindre Dorante à Araminte. Après un tel aveu de tromperie, “le plus honnête homme du monde” ressemble à une antiphrase. En réalité, elle fait de lui, par le langage (et son pardon), cet honnête homme = pouvoir ….............................................. des mots.  
 
Araminte pardonne cette tromperie car le but était noble (l'amour). Elle le formule sans précision, au présent de vérité générale, comme une maxime : "il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner, lorsqu'il a réussi". La valeur du pronom “on” ici est u.................................................. . 

Ainsi, Araminte justifie tous les stratagèmes utilisés à son insu pour la séduire. Elle affirme ainsi que tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins parce que les intentions sont bonnes : le séducteur l’aime sincèrement et souhaite l’épouser. Dorante lui-même s’étonne de cette amnistie si facile.  Les exclamations dans sa réaction le soulignent : "Quoi ! La charmante Araminte daigne me justifier !"  
 
La dernière réplique montre l'autorité qu'elle a sur Dorante. Elle reprend le contrôle de sa maison : utilise deux impératifs "ne dites mot, et laissez-moi parler". C’est elle qui décide d’affronter le Comte et sa mère qui symbolisent l’ordre social.  

 

Conclusion 
 
    Cette scène 12 de l'acte III des Fausses confidences est donc le dénouement réel de la pièce. C'est une scène d'aveux qui rétablit la vérité après toutes les fausses confidences qui ont été faites dans la pièce.  

Ouverture : ........................................................................................................................................... ….............................................................................................................................................................. ….............................................................................................................................................................. …..............................................................................................................................................................